Jean GALMOT
Un autre amoureux de ce département et de son peuple.
Mis à jour le 20-04-2013 | Publié le 07-01-2009 - Lu 35 049 fois
Jean Antoine Galmot est né à Monpazier en Dordogne, le 02 Juin 1879. Il meurt à Cayenne, en Guyane, le 06 Août 1928, après une vie et un destin hors du commun.
Brillant journaliste à Nice, il rejoint la Guyane en 1906, découvre l'envoûtante forêt guyanaise et s'occupe d'une mine d'or appartenant à son beau-père. Il fait fortune, tout en s'efforçant d'améliorer le sort de ses ouvriers et employés. Il soulage leur misère en les rémunérant décemment et en appliquant réellement la législation du travail. Avec ses fonds, il prend sur lui d'aider les jeunes, les plus pauvres en créant des bourses locales. Il devient "papa Galmot", une expression qui porte toute l'affection du peuple et qui a du sens auprès des plus démunis. C'est la population guyanaise qui le pousse à se présenter à la députation. En 1919, il est élu haut la main. Dès lors, il gêne les notables et inquiète les hommes d'affaires et ses adversaires politiques. Ils seront la cause directe et indirecte de sa mort.
Aventurier et entrepreneur
"Je suis Jean Galmot de Monpazier !", cette phrase prononcée par Christophe Malavoy en lieu et place de Jean Galmot dans le film éponyme d'Alain Maline, situe la bastide de Monpazier comme acteur de la vie, pour la moins contrastée et passionnée, d'un homme qui est un véritable personnage de roman.
A ce jour, il représente un lien entre le département de la Guyane, encastré dans la forêt amazonienne et Monpazier, dans son environnement périgourdin et Bergeracois.
Galmot est un pionnier dans bien des domaines et un homme d'affaires d'une activité débordante. Idéaliste, poète, écrivain de valeur, il est chercheur d'or, pilote d'hydravion et d'avion, il organise le tour de France aérien, excelle dans le commerce du bois, des parfums. Il dirige une flotte de plus de 40 navires, ses entreprises sont en Guyane, mais aussi Antilles, en métropole, à Paris, Bordeaux, Carcassonne, Sarlat, Sainte-Sabine...
Parvenu rapidement au rang des grandes fortunes de son temps, il fait l'acquisition du château de Montfort en Dordogne. Mais, la guerre finie, il se retrouve avec une énorme cargaison de rhum qu'il avait payée et qu'il ne peut plus écouler dans les marchés d'Etat et les grandes sociétés pour les pharmacies, hôpitaux et les tranchées... Il doit lutter contre la ruine et commet des erreurs. Devenu vulnérable, les politiciens vont s'acharner sur Galmot.
En 1924, une fraude, incontestable, lui vole l'élection de député. Face à la justice, pour l'affaire des rhums, il se défend de toutes ses forces, mais il est incarcéré à la Santé. Pour retrouver sa place, il se compromettra avec l’escroc Stavisky et cette fréquentation sera souvent retenue contre lui en oubliant toutes les autres facettes du personnage. Fort heureusement, dans un témoignage objectif, Gaston Monnerville, précise que le bien domine largement dans le bilan de la vie de Jean Galmot.
De son sang, il signe un serment par lequel, il donne sa vie à la Guyane. A son retour, en Guyane, en 1928, il est accueilli par une foule immense. Il va gagner les élections.
Mais il est empoisonné à 49 ans, dans la douleur, après avoir oeuvré pour les droits de ses concitoyens et contre l'injustice. Il est l'objet d'un véritable culte. Spontanément, en apprenant sa mort, le peuple se soulève et une émeute éclate à Cayenne. C’est Gaston Monnerville qui va révéler tous ses talents d’avocat dans le procès des émeutiers. Galmot est enterré au cimetière de Cayenne, sa tombe est entretenue depuis 1928. C'est un bienfaiteur de la Guyane et un lien fort entre la Guyane et le Périgord.
Jean Galmot est une sorte de légende contemporaine en Guyane et plus précisément à Cayenne. La reconnaissance y est vivace et son nom n’est pas oublié. Depuis le printemps 2004, sa statue de bronze, oeuvre du sculpteur Jacques Raybaud est dressée sur un important carrefour de Cayenne. Un autre sculpteur, Daniel Deyanovich, a réalisé un buste et l'a remis à l'association des Amis de Jean Galmot à Monpazier.
Témoignages :
En août 1956, avant de se rendre en Guyane, le Général de Gaulle se souvenant de Jean Galmot, écrivit une lettre officielle à Marianne Galmot, son épouse, dans les termes suivant : "Dans ce pays où il s'est dépensé avec autant de dévouement, j'aurai Madame, une pensée spéciale pour la mémoire de votre mari..."
Quant à Gaston Monnerville, qui a physiquement rencontré Galmot, il a donné, dans ses mémoires, la mesure du personnage en le plaçant dans son en environnement humain et politique et en démontrant la valeur d'un homme et son attachement au peuple guyanais.
Pour mieux connaître Jean Galmot
Il y a l'incontournable roman de Blaise Cendrars intitulé "Rhum". L'auteur a séjourné à Monpazier, afin de s'imprégner de l'atmosphère de la Bastide. Il résidait à l'hôtel de Londres, toujours en place sous l'appellation de "Bistrot 2". Ensuite, de nombreux livres et articles ont retracé la vie de cet aventurier du XXème siècle. L'association des Amis de Jean Galmot est en mesure de vous informer sur ces parutions. Voir son site : www. galmot.com Un nouveau livre encore plus complet, sera publié après l’été de l'année 2009. Le film d’Alain Maline "Jean Galmot aventurier", qui date de 1990, donne de la vie au personnage incarné par Christophe Malavoy.
Pour vivre la biographie de Galmot, dans le cadre immuable de son enfance, une exposition gratuite lui est consacrée à l'atelier des Bastides, à Monpazier.
Article écrit par Raymond Kuntzman. Site Internet : http://galmot.com/