Leishmaniose
Pas forcément grave mais très invalidante.
Mis à jour le 03-10-2016 | Publié le 04-08-2005 - Lu 28 478 fois
Il existe plusieurs types de leishmaniose mais en Guyane, c'est la leishmaniose tégumentaire qui est présente. Elle est due à un parasite unicellulaire : Leishmania braziliensis. La leishmaniose est relativement répandue, y compris en France métropolitaine.
C'est une maladie transmise par un moustique, le Phlébotome. Ce moustique est petit, de 1 à 3 millimètres, avec une petite tête et un thorax très bombé. Les ailes restent déployées en V au repos. Seule la femelle est hématophage. Elle reste infestée durant toute son existence (environ 3 semaines) mais ne transmet pas l'infection à sa descendance. Comme pour le paludisme, le moustique est un élément indispensable à la réalisation du cycle parasitaire. Le réservoir du parasite est un mammifère, le plus souvent le paresseux Aï en Guyane, mais aussi le Tamandua. La leishmaniose en Guyane est une maladie saisonnière, évoluant de novembre à mai, avec un pic en janvier. Mais des variations sont possibles en fonction de la pluviométrie.
La contamination a lieu lors du repas du moustique. Le phlébotome vit en forêt. Dans la journée, il se repose en haut des arbres et descend à la nuit tombée. On a relevé des infestations en plein jour, sur des zone de déboisement : le phlébotome tombe avec l'arbre coupé qui l'abritait, et dans ce cas peut piquer dans la journée. La piqûre du phlébotome passe le plus souvent inaperçue, mais elle peut aussi être douloureuse.
Clinique
Après une incubation variable de quelques jours à plusieurs mois (en général 2 semaines), apparaissent des lésions cutanées d'évolution lente, indolores, non prurigineuses (elles n'occasionnent pas de démangeaisons), non contagieuses. Elles sont toujours primitivement localisées aux zones de peau découvertes et donc exposées à la piqûre du moustique. Secondairement, une dissémination par voie lymphatique peut occasionner des lésions dans des zones de peau couverte. Le nez est une zone préférentielle de localisation secondaire métastatique. Les atteintes secondaires des muqueuses sont possibles.
La lésion est souvent ulcéreuse, avec un bourrelet inflammatoire péri lésionnel. Elle peut aussi être végétante, croûteuse… En fait, ces lésions ne sont pas très typiques, et c'est la chronicité qui fait évoquer le diagnostic.
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Prophylaxie
Elle repose, comme pour le paludisme, sur la lutte anti-vectorielle. Attention, le phlébotome est un petit moustique capable de traverser certaines moustiquaires. Il n'y a pas de chimioprophylaxie actuellement ni de vaccination.
Diagnostic
Il est d'abord clinique et épidémiologique puis biologique. Le diagnostic doit être évoqué devant toutes lésions traînantes, surtout chez une personne s'étant rendu en zone endémique. L'interrogatoire doit être minutieux, l'incubation pouvant atteindre exceptionnellement plusieurs mois.
Le frottis permet de mettre en évidence le parasite. Il n'existe pas actuellement de tests sérologiques.
Traitement
Le traitement antibiotique est totalement inutile de même que les pansements.
Deux médicaments peuvent être utilisés en première intention :
- Les dérivés de l'antimoine (GLUCANTIME ®) sont utilisés par voie générale mais peuvent également être injectés localement. L'infiltration doit être péri lésionnelle, de préférence en une fois. Mieux vaut une bonne dose une fois que plusieurs petites doses à plusieurs jours d'intervalle.
- La pentamidine (PENTACARINAT ®) : ce traitement est très efficace. Les effets secondaires, tels que l'hypoglycémie, douleur au point d'injection, sont rares. La douleur de l'injection peut être supprimée en ajoutant un anesthésique dans la seringue.
D'autres traitements à l'efficacité aléatoire ont été proposés.
D'après un article du Dr R.PRADINAUD - Ancien Chef du Service de Dermatologie du Centre Hospitalier de Cayenne. Concours Médical 1985.