L'or de Guyane
La fièvre de l'or
Publié le 17-07-2005 - Lu 47 239 fois
De nombreux minéraux sont présents en Guyane : Or, Molybdène, Lithium, Uranium, Diamant, Bauxite... mais seule l'exploitation de l'or est rentable. Si l'exploitation des gisements alluvionnaires (exploitation de l'or de surface et des fleuves) est le plus répandu chez les petits orpailleurs, souvent illégaux, les grandes sociétés multinationales privilégient l'exploitation de gisements profonds, beaucoup plus riches, mais nécessitant des investissements lourds. Il s'agit d'extraire des tonnes de cailloux qui sont ensuite concassés puis traités pour obtenir de la poudre d'or.
Peu d'entreprises possèdent de concession d'exploitation. Pourtant de nombreux sites artisanaux sont ouverts, illégalement, en forêt. Employant le plus souvent de la main-d'oeuvre non déclarée, d'origine souvent Brésilienne, ils jouissent d'une certaine impunité au sein d'une forêt immense et incontrôlable. Les clandestins qui y travaillent, dans des conditions excessivement pénibles, gagnent ici beaucoup plus que dans leurs pays d'origine.
L'exploitation plus ou moins incontrôlée de l'or, en plus des ravages forestiers qu'elle occasionne, est responsable d'une pollution beaucoup plus grave et insidieuse : la libération dans l'environnement de quantités énormes de mercure. Celui-ci est utilisé pour séparer l'or des impuretés. Le mercure s'amalgame à l'or et il suffit ensuite de chauffer le mélange pour séparer les deux éléments et récupérer l'or. Le mercure est souvent déversé, après utilisation, dans les rivières. Or le mercure s'accumule dans le foie des poissons des rivières, puis dans l'organisme des Amérindiens qui vivent de la pêche depuis la nuit des temps.
Les petits orpailleurs, souvent organisés en petites équipes, utilisent surtout des techniques artisanales pour extraire l'or. La plus répandue est la technique de la batée : on met du sable, souvent prélevé dans une petite rivière, dans un récipient de forme conique très ouvert (comme un chapeau chinois), appelé une batée. On ajoute de l'eau et on fait tourner le récipient dans tous les sens : l'eau sort du récipient en emportant le sable le plus léger. Le sable le plus lourd et l'or reste au fond du cône. Ce travail est excessivement pénible : les jambes dans l'eau de la rivière toute la journée, courbé au dessus de la batée, piqué par les moustiques et les mouches, il faut remuer plusieurs mètres-cubes de sable pour quelques grammes d'or.
Une deuxième technique est très répandue : le Long-tom : ce sont des caisses en bois sans couvercle au fond desquelles se trouvent des petits tasseaux de bois de 3 cm de hauteur, disposés transversalement, qui retiennent les éléments lourds, comme dans la technique de la batée. Le mercure est ensuite utilisé pour séparer l'or du sable résiduel. La séparation mercure-or s'effectue ensuite par chauffage.
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